Si l’escalier Selarón, permet de prendre un peu de hauteur, c’est pour découvrir l’aqueduc Carioca et les toits rouillés de Lapa. Ce quartier très animé la nuit avec ses bars et ses discothèques, si proche du Sambodrome, laisse penser qu’un jour, peut-être, il cédera à la gentrification et sera suffisamment réhabilité pour attirer de jeunes et prospères Cariocas prêts à s’installer dans les innombrables, mais très décrépites maisons coloniales qui font le charme des lieux. Pourtant, ce serait mal connaître Rio de Janeiro que de promettre ce destin à Lapa. Là-bas, rien ne bouge, où l’on naît, on mourra. Pas d’ascenseur social, pas de mixité sociale. Chacun son quartier et Lapa ne fait pas parti de ceux où il est bien vu de vivre. Il est, à la limite, une capsule temporelle qui nous transporte à l’époque de la fondation officielle de Rio de Janeiro en 1656. Inaccessible car trop dangereux il y a encore quelques années, les touristes aujourd’hui s’y pressent et déambulent passant de boutiques de design en magasins d’antiquités et sirotant des jus de fruits frais en terrasse.
Loin des plages de sable blond, Lapa reste une fenêtre sur la vieille ville de Rio, une chance que n’ont pas tous les quartiers populaires mêmes si certains designers, ou autres décorateurs européens se piquent d’ouvrir des maisons d’hôtes dans les favelas les plus sûrement nettoyées par la police militaire … Moralement discutable ou opportunités pour les habitants ? À méditer.