En France, la division est claire. La gauche ose des œuvres d’une grande violence sur les travers du quidam moyen. Ainsi, Yves Boisset, toujours dans sa volonté de bousculer l’ordre établi, a créé des remous terribles en s’attaquant à la corporation policière dite fasciste dans un condé(censuré par le ministre de l’intérieur de l’époque), le racisme beauf avec Dupont Lajoie avec un Jean Carmet prodigieux en assassin violeur puis les méandres de la justice et ses compromissions coupables avec le Juge Fayard. Facilement donneuse de leçon, la gauche a jeté un regard lassé par des décennies de conformisme bourgeois sur un pays englué dans les affaires. Pourtant, à bien y réfléchir, la charge la plus violente ne vient pas d’un Costa Gavras (auteur de Z) mais de … George Lautner. Cinéaste gentiment du système, coupable de grands classiques de la gaudrioles gauloises telles les tontons flingueurs et autres barbouzes, cet aimable artisan de talent Niçois s’est adjoint des services du redoutable Michel Audiard pour peaufiner un script d’une violence sans nom sur les élites politico-affairistes de la France sous Giscard. Le journaliste Jean Laborde, sous le pseudonyme de Raf Vallet publie dans la Série noire de Gallimard un roman policier qui, quarante-cinq ans après, continue à faire date. Le titre est très évocateur : Mort d’un pourri. L’intrigue est d’une simplicité biblique : Un député, propriétaire d’un dossier recensant toutes les petites combines, pots de vins, arrangements financiers entre personnes en vue d’une République gangrénée par la corruption, est assassiné par un de ses collègues du Sénat, Philippe.
Celui-ci vient au petit matin réveillé son meilleur ami, Xavier en l’informant de son crime ; il détient entre ses mains de quoi créer un cataclysme d’ampleur national. Ce qui doit arriver inéluctablement arrive, Philippe est assassiné laissant Xavier aux prises avec la mafia politico-financière, la police et les plus hautes instances du pays tous tremblants devant le cataclysme qu’engendrait la connaissance du grand public des effarements coupables de leurs élites.
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