Le cinéma a été inventé pour mille raisons. Plus prosaïquement pour divertir le bon peuple en lui donnant du spectacle. Une envie de communion, de réunion. Le cinéma fut aussi un excellent vecteur d’émotions. Le film de Shannon Murphy offre ce sentiment doux, rare en proposant d’accompagner le spectateur à la rencontre de personnages tous formidablement interprétés dans une histoire qui, sur le papier, aurait pu largement être larmoyante. Ici, à aucun moment, la réalisatrice ne s’attarde, préférant, adroitement conclure une scène qui pourrait offrir ces instants douloureux mais tellement commerciaux en cutant à la seconde où l’émotion pourrait vous submerger. Constamment à la lisère, finement réalisé, MILLA dépeint le quotidien d’une jeune fille d’un quartier de la classe moyennement élevée d’une ville d’Australie. Le personnage clé n’essaie pas de s’appesantir sur ce qui la terrifie : Elle est malade, porte une perruque à l’école et saigne parfois du nez. Elle tente de vivre sa vie d’adolescente entachée d’un fardeau lourd à porter. Milla grandit, rencontre Moses, un grand gars de 18 piges un peu morfale, un peu paumé, foncièrement attendri par l’intérêt soudain que le lui porte la jeune adolescente. Celle-ci veut indéniablement vivre, oublier le sort.
Eliza Scalen est troublante, idéale, parfaite, touchante à un point inimaginable. Toby Wallace en amoureux parfois maladroit assure un contrepied totalement convaincant, Essie Davis en mère dévastée par une tristesse insondable et l’excellent Ben Mendelsohn en papa en pleine crise existentielle font de ce premier long-métrage d’une jeune réalisatrice d’une trentaine d’année un instant totalement suspendu de grâce. Un cinéma élégant dans sa non volonté de s’appesantir.
Ne passez pas à côté de ce cadeau… en salles le 24 mars prochain.