Quatre heures de vol suffisent pour rejoindre Amman. À l’origine construite sur sept collines, elle a longtemps été surnommée la Rome du Moyen-Orient. Détruite plusieurs fois par des tremblements de terre et des catastrophes naturelles, Amman resta une petite ville jusqu’à l’afflux de réfugiés palestiniens en 1948. Elle s’étend aujourd’hui sur 19 monts qui donnent leurs noms aux différents quartiers de la ville. Son histoire a vu défiler de nombreuses civilisations. Assyriens, Perses, Grecs, Romains, Circassiens ont imprégné tour à tour la ville de leur culture pour le plus grand bonheur des archéologues et des touristes férus d’histoire.
Le roi Abdallah II, amateur de plongée veille à la protection de la faune sous-marine. Afin de permettre son développement, un avion, un char et un bateau militaire ont été coulés à quelques centaines de mètres du rivage d’Aqaba pour offrir une attache solide aux coraux plantés un à un par les biologistes marins jordaniens. Vision étrange et merveilleuse que ces engins incongrus posés sur le sable. Ils se révèlent aux yeux du plongeurs à quelques mètres de profondeur à peine. Ces géants d’acier immobiles s’hérissent de coraux où s’agite une multitude de poissons colorés. Quelques années suffiront à les intégrer au paysage sous-marin pour former des socles solides autour desquels proliférera la vie marine attirée par l’abondance des coraux.
Si Amman est sublime, la perle du royaume hachémite reste Pétra. Une cité rose creusée dans le grès par les Edomites au VIIIème siècle avant J-C. jusqu’à ce que les Nabatéens, des bédouins originaires d’Arabie saoudite, en prennent le contrôle au VIème siècle avant J-C. Cette cité mystérieuse, riche et florissante, se dissimule entre des replis rocheux issus d’un effondrement géologique. Stratégiquement positionnée, elle accueille des caravanes chargées d’encens et d’épices. Pourtant les séismes et les modifications des routes commerciales auront raison de la belle qui sombrera dans le sommeil et l’oubli, mais pas pour tout le monde puisque des familles bédouines occuperont ses maisons troglodytes jusqu’au XXème siècle, avant d’être relogées pour permettre le démarrage des fouilles archéologiques. C’est un Suisse, l’explorateur Johann Ludwig Burckhardt, qui la redécouvre en 1812 lors d’une expédition vers les sources du Niger.



Le sîq qui mène à Pétra, serpente sur 1200 mètres entre des parois couleur rouille veinées de gris et polies par les siècles. Inutile de se presser, le Khasneh, trésor du site, se dévoilera assez tôt. Profitez de cette marche pour réaliser l’ingéniosité et le raffinement de ces civilisations multi séculaires en admirant les œuvres pariétales ponctuant le chemin et les canaux creusés dans la roche, inclinés au degré près pour optimiser l’alimentation en eau de la ville. Même si vous avez vu Indiana Jones, rien ne vous prépare au choc esthétique provoqué par la découverte du joyau, ce temple de 40 mètres ciselé à même la pierre. Il se laisse entrapercevoir avant de se révéler complètement et nous projeter dans la magie des lieux.
En pénétrant dans la cité troglodyte, on ne réalise pas son immensité. À son âge d’or, ses 40 000 âmes se dispersaient sur près de dix kilomètres carrés. Les façades sculptées, emblématiques de Petra, sont en fait les tombeaux des habitants qui, eux, vivaient dans des constructions en pierre aujourd’hui peu visibles car détruites par une série de tremblements de terre. À l’autre bout du site, la beauté du monastère Al Deir rivalise avec le Khasneh. Ce ne sont pas moins de 800 marches à grimper pour découvrir son éclatante élégance et l’immensité du paysage désertique qui l’entoure.
Le désert, décor grandiose de la Jordanie ! C’est à Wadi Rum que s’ouvrent l’immensité de la terre des bédouins. Ce majestueux décor est merveilleusement décrit par Thomas Edward Lawrence dans son livre, les « Sept Piliers de la sagesse ». Personnage historique haut en couleur, il prendra vie sur grand écran sous les traits réguliers de Peter O’Toole dans le célèbre Lawrence d’Arabie. Les immenses étendues de sable rouge sont ponctuées par des formations géologiques biscornues, découpées, lustrées par des millénaires d’érosion. Les bédouins font découvrir leur mode de vie ancestral à des touristes souvent adeptes de trekking (la région offre des points de vue à couper le souffle). Nuit sous la tente, viande cuite dans le sable, ciel d’encre constellé d’étoiles et le silence résument une nuit à Wadi Rum.
Impossible de ne pas être subjugué par la richesse de l’éternelle Jordanie.