Roederstein, qui signait de ses initiales OWR, créait des œuvres ciblées pour le marché de l’art afin de pouvoir vivre de sa peinture, ce qui l’obligeait à se plier aux conventions en vigueur pour les artistes femmes. Cette démarche se traduit, au début de sa carrière, par l’utilisation d’une palette sombre et par le choix de ses sujets: portraits et natures mortes. Pourtant, très vite, Roederstein sort des sentiers battus où les femmes devaient se cantonner en s’aventurant dans le domaine des tableaux religieux et du nu. Inspirée par l’étude d’œuvres de la Renaissance italienne et allemande, elle s’essaye à partir de 1893 à la tempera. Cette technique, qui connaissait un regain d’intérêt dans toute l’Europe à la fin du 19e siècle, était considérée comme emprunte de tradition et avant-gardiste à la fois. Dans son œuvre de maturité, Roederstein s’ouvre de plus en plus à d’autres mouvances artistiques, intégrant dans son travail des éléments impressionnistes et symbolistes.
Cet hommage à Ottilie W. Roederstein est l’occasion pour le Kunsthaus Zürich de mettre à l’honneur une artiste à laquelle il fut étroitement lié. Née à Zurich de parents allemands, elle étudia l’art dans sa ville natale.
Une exposition en Suisse, qui propose une vue d’ensemble de son œuvre multiple, permet au public de la redécouvrir. Cette rétrospective au Kunsthaus Zürich met à l’honneur sa carrière impressionnante en la replaçant dans le contexte de l’époque. Sa redécouverte coïncide avec une nouvelle étude du fonds Roederstein. Cette dernière a permis d’établir qu’Ottilie W. Roederstein, outre l’éminente peintre qu’elle fut, a aussi œuvré pour l’éducation des femmes et participé activement à un large réseau d’artistes et d’intellectuels libres penseurs.
