Propulsé auteur à succès, le germanopratin, un physique étrange, un pif aquilin et des manières de dandy faussement misogyne compose pour les plus grandes vedettes du Hit -Parade jusqu’à la consécration ultime : Brigitte Bardot, la plus belle femme du monde, épouse d’un milliardaire teuton, lui réclame un titre puis succombe au charme du complexé auteur. 100 jours d’une passion incandescente qui va envouter à jamais le futur de Serge Gainsbourg. Rasséréné, désormais persuadé que son étrangeté lui permet toutes les audaces, il alterne les compositions, survole les classements en assurant des 45 tours à succès à des artistes aussi majeurs que Juliette Gréco, Petula Clark et Françoise Hardy. En 1968, il rencontre une jeune anglaise lors du tournage d’un film expérimental. Elle baragouine un français approximatif, il l’a méprise souverainement puis tombe littéralement raide dingue d’elle : Jane Birkin est entrée dans sa vie. Elle lui donnera une fille et un minimum de stabilité. Durant les années 70, Gainsbourg oscille dans le sublime avec des albums devenus incontournables et des singles rentrés dans l’histoire (« Je suis venu te dire que je m’en vais », « l’Homme à tête de chou »). Alternant coups d’éclats, scandales, chefs d’œuvres et coups médiatiques, Gainsbourg se créé un alter-égo démoniaque : Gainsbarre. Un double négatif, rongé par l’alcool, la nicotine. Jane Birkin, vedette d’un cinéma populaire tricolore, se lasse et le quitte, le laissant effondré. Les années 80 s’étirent entre albums et scandales de plus en plus éreintants. Le jeune public plébiscite ses dernières productions, les ventes caracolent, Gainsbarre efface peu à peu l’auteur génial pour devenir un personnage vampirique. La fin s’approche, inéluctable.
Le 2 mars 1991, à 62 ans, le cœur fatigué, Serge Gainsbourg décède dans son mythique hôtel particulier du 5 bis rue de Verneuil à la suite d’une énième crise cardiaque. Il laisse un répertoire gigantesque, d’innombrables chefs d’œuvre et une déception… une fin abrupte. Il n’a jamais pu être remplacé. Il est désormais un immortel de l’histoire de la musique francophone.