L’exposition physique a réouvert ! Lors du confinement, un mini site internet avait pris le relais en offrant une expérience narrative originale et sensible de la vie de l’artiste en combinant enregistrements sonores, photos et vidéos. Depuis le 16 juin, il est a nouveau possible de visiter la Fondation Cartier et déambuler dans l’univers de Claudia Andujar.
En 1971, sa carrière de jeune photojournaliste la pousse vers la luxuriante forêt amazonienne. À l’ombre de la canopée, Claudia Andujar rencontre le mystérieux peuple Yanomami. Ces Indiens, vivant en collectivité, adeptes du chamanisme et détenteurs du secret des plantes, fascinent l’Européenne qui plonge alors dans leur univers. Ils sont environ 27 000, éparpillés sur une superficie équivalente à celle du Portugal. Elle le sent, elle doit s’imprégner de leur culture pour mieux protéger les derniers représentants de ces tribus isolées, menacées par la politique de déforestation du gouvernement militaire brésilien. Les Yanomamis deviennent ses parents, sa famille.
À travers sa lutte, elle cherche à guérir du sentiment de culpabilité qui l’assaille depuis l’extermination de sa famille. En effet, Claudia Andujar née à Neuchâtel en 1931, déroule une enfance paisible en Transylvanie jusqu’à la déportation de son père à Dachau. Il n’en reviendra pas, ainsi que plusieurs membres de sa famille. Claudia et sa mère fuient alors les persécutions nazies, direction les États-Unis avant de s’installer définitivement au Brésil en 1955. « Les Yanomami sont comme des membres de ma famille et je me dois de défendre ma famille. C’est une chose que je n’ai pas pu faire pendant la Seconde Guerre mondiale. » confie-t-elle.
La photographe va expérimenter différentes techniques susceptibles de reproduire l’atmosphère onirique de l’immensité de la forêt et des rites chamaniques. En appliquant de la vaseline sur l’objectif de son appareil, en utilisant une pellicule infrarouge ou en jouant avec la lumière, elle crée des distorsions visuelles qui imprègnent ses images d’une certaine surréalité. Claudia Andujar réalise de nombreux portraits en noir et blanc saisissant toute la noblesse et l’humanité des Yanomami. Les plans resserrés de visages et les fragments de corps créent des effets de clair-obscur pour instaurer un sentiment d’intimité et mettre en valeur avec empathie l’intériorité des sujets.
Retrouvez l’histoire de Claudia Andujar et une interview de Thyago Nogueira, curateur de l’exposition, dans la version print de LE MAGAZINE disponible en kiosque.
Vers l’exposition : Claudia Andujar, La Lutte Yanomami