12 ans de labeur, de pugnacité pour le scénariste, le dialoguiste, le compositeur, le metteur en scène et enfin le comédien Alexandre Astier. Douze longues années à tenter de faire tenir en 120 minuscules minutes ce qui se tramait dans son ciboulot. Le pitch en deux mots ? Arthur Pendragon, ex. roi de Bretagne, l’élu des Dieux nous revient des limbes pour renverser l’effroyable potentat Lancelot du Lac, tortionnaire du royaume de l’Ogre et désormais dictateur sanguinaire.
Le risque était gigantesque tant la série originelle (usuellement des scénettes de 3 minutes puis rallongés à 15 pour finir en mini film de 45’) a creusé dans nos subconscients une grosse attente. Il eut été si facile d’être effroyablement déçu. Dame, le temps joue contre l’auteur, cela dit le résultat dépasse très largement nos attentes. Maestria dans la mise en scène, ambition réelle, idées en nombre et volonté manifeste d’absolument pas marcher dans des chaussons trop confortables, Astier prend des risques évidents. C’est culotté, très même, ici on joue dans la cour des grands, on tutoie parfois, avec un budget dix fois moindre, les ambitions d’un George Lucas (auteur des « Star Wars »). Astucieux, Astier évite aucun piège, il les surmonte. Nous renouons avec l’excitation des grands moments de cinéma. Les dialogues sont toujours aussi jouissifs, les caméos des guests stars sont en adéquation avec nos espoirs (en vrac, Alain Chabat, Sting, Géraldine Nakache, Clovis Cornillac, tous parfaits), certains mêmes réussissent à ne pas du tout êtres horripilants mais totalement drôles (tels Guillaume Gallienne parfait en mercenaire cupide, Christian Clavier quasiment jouissif en jurisconsulte adipeux) tandis que les personnages cultes de la série TV nous reviennent avec une régularité qui fait grand plaisir à voir. Bref, « Kaamelott premier volet » est une réussite totale qui ne peut que vous inciter à espérer que le très soigneux Alexandre Astier se décide à se lancer dans le second volet avant la nuit des temps. Avec un peu d’espoir, il nous écoutera.
En salles dès le mercredi 21 juillet.