Dans la section art moderne, trois tableaux de Pierre-Auguste Renoir font partie des œuvres phares de notre vente. Commençons par lemagnifique nu intitulé Baigneuse, estimé entre 600 000 et 800 000 CHF. Peint en 1876, année clé pour l’exploration de ce sujet par Renoir, il est “l’un des plus aboutis de cette série” selon l’expert François Daulte. En effet cette année-là à partir de Nu au soleil présenté à la deuxième exposition impresionniste, le nu devient la marque de fabrique de Renoir.
Bien qu’il se soit davantage intéressé à la peinture de portraits et de nus féminins, Renoir a peint des paysages toute sa vie, et l’un des plus beaux est celui que nous présentons :La mer à Tréboul près de Douarnenez dont l’estimation se situe aussi entre 600 000 et 800 000 CHF. La nature peinte est celle que Renoir apprécie, c’est-à-dire sans remaniement humain et la composition est presque austère : une ligne d’horizon, le ciel et ses nuages, l’Atlantique aux couleurs méridionales, deux arbres et quelques bosquets. Notons que cette peinture est restée jusqu’à présent en possession de la même famille qui l’avait acquise à l’occasion de l’exposition Renoir au Kunsthaus de Zurich en 1917.
Le troisième tableau est une nature morte représentant un magnifique bouquet. Anémones, roses et tulipes dans un vase, datée de 1909est une œuvre pour laquelle l’artiste a utilisé une palette de couleurs réduite, utilisant des tons beige terreux et rouge, typique des peintures de fleurs de Renoir dont il disait : “Cela me repose de peindre des fleurs. Je n’y apporte pas la même tension d’esprit que lorsque je suis en face d’un modèle.”
Parmi les pièces exceptionnelles de notre prochaine vente figurent également deux grands tableaux de Le Corbusier, dont on peut dire qu’elles auraient toute leur place dans un musée. La première œuvre Nature morte au grand livre, est datée de 1928, la dernière année du purisme (1920-1928) qui, rappelons-le, a été développé par Le Corbusier et son ami Ozenfant, opposant au cubisme une simplification des formes et imposant sobriété et rigueur dans la peinture. Les formes synthétiques aux contours précis s’emboîtent les unes dans les autres et la composition est le plus souvent frontale. Dans le catalogue raisonné, cette peinture de grand format est décrite comme “de remarquable qualité”.
Le second grand tableau Figure à la porte jaune, daté de 1937 s’incrit dans une nouvelle période dite des “Objets à réaction poétique” (1928-1939), à travers lesquels Le Corbusier trouve une façon de redevenir attentif à l’objet, de le retrouver dans ses dimensions propres faites de lignes, courbes et masses et d’imaginer des univers de superpositions et d’imbrications. Cette peinture montre une femme aux formes presque abstraites devant une porte jaune. À sa gauche se trouve une harpe, qui reflète la même teinte jaune que la porte ouverte sur la droite. Notons que Figure à la porte jaune, estimée entre 1 200 000 et 1 600 000 CHF, a servi de modèle pour la peinture murale exécutée un an plustard dans la villa des architectes Jean Badovici et Eileen Gray. En n, nous présentons une très belle tapisserie de l’artiste (estimation : 80 000– 120 000 CHF), médium dans lequel Le Corbusier trouve un nouveau terrain d’application pour ses recherches murales.
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