Entrée, plat, dessert pour 34 euros, soit moins que pour un misérable steak-frites dans une gargote dont Genève raffole, on croit rêver. Bien entendu, vous pouvez aussi vous balader dans la carte pour vous faire une idée de l’ambition du Chef Adrien Ferrand. Lors de notre visite, nous avions opté pour une seiche grillée au piment doux, vinaigrette à l’ail et une volaille, girolles et coco de Paimpol comme entrée. On s’attendait à peu près à tout sauf à être immédiatement renversé. Ici la cuisine est dotée d’un caractère affiché qui peut trancher avec le conformisme béat d’une bistronomie ronflante. Finement accompagné d’un verre de vin judicieusement proposée par la serveuse, la dégustation est un instant de ravissement.
S’ensuit le plat principal : Canard et filet grillé, raisins et choux pointu plus un quasi de veau de lait grillé aux couteaux marinière. Là encore, on aborde, sans créer un quelconque désagrément, des rivages réconfortants, des supputations ambitieuses, une élucubration à la fois doucement maternelle mélangée à une volonté de casser le conformisme. Même si on peut espérer une rectification sur le couteau ici servi cassant sous la dent, les plats sont chargés d’une ambition qui fait terriblement plaisir à voir. En dessert, une compotée de coings puis deux excellents cafés, serrés. Le restaurant Eels est une heureuse surprise qui ne fait que creuser l’inéluctable vérité : A Genève, on mange décidemment de plus en plus mal et ce depuis trop d’années alors qu’à Paris l’éveil, l’enthousiasme, l’ambition prédominent.
C’est Rue d’Hauteville, au numéro 27. Un charmant bistrot totalement dans l’air du temps, dans un arrondissement vivant. À une encablure de la rue des abesses et ses terrasses typiques. Lors de votre prochain voyage parisien, vous savez ou allez surtout que le Chef Adrien Ferrand risque de faire parler de lui ces prochains mois.