Binge-watching ?
Qu’est-ce donc que cet anglicisme abscons ?
Depuis l’avènement sans discussion possible des plateformes de streaming, le triomphe planétaire de Netflix les séries peuvent être consommées à la suite. Il est ainsi aisé d’enchainer jusqu’au bout de la nuit des épisodes d’une saison entière. La saison 4 de l’élégante série anglaise sur la monarchie d’outre-manche The Crown risque de vous causer bien des nuits écourtées.
Nos amis anglais sont depuis toujours les meilleurs producteurs de séries TV du vieux continent. On ne compte plus les réussites et ce depuis des décennies. Dernièrement autant Docteur Foster que Happy Valley, Years & Years en passant par Broadchurch ou Bodyguard ont totalement révolutionnés les codes. La série The Crown compulse avec une sens absolument de la maitrise, d’une élégance frisant le sadisme les dérives d’une monarchie malade, d’une famille tentaculaire incapable de compassion, inféodée aux préceptes mêmes de la cruauté de rang. De fait, étrangement, alors qu’il ne se déroule rien de foncièrement palpitant sur le papier, les épisodes offrent des instants sachant associer une diabolique poésie à l’infinie détresse d’êtres humains emprisonnés dans des fonctions monarchiques. Il est difficile de ne pas être complètement charmé par l’élégance britisch d’un spectacle aussi intelligemment conceptualisé.
La saison 4 nous gratifie de deux nouveaux personnages d’importances : La futur lady Diana finement interprétée par Emma Corrin mettant en lumière les affres de la future princesse idolâtrée à travers la planète mais aussi la perceptible Margaret Tatcher formidablement campée par l’actrice américaine Gillian Anderson ici vieillie, courbée, engoncée dans sa rigidité. Formidables prestations de deux comédiennes qui rejoignent une distribution de très grande qualité. On notera aussi la performance plus vraie de nature de Joss O’ Conor en prince Charles crispé. Il y est délectable d’introspection malheureuse.
En ces périodes complexes, The Crown est un spectacle hautement recommandé car cette série nous rappelle que les ors, la royauté, les honneurs et les propriétés de bord de mer sur l’ile Moustique (lieu de villégiature de la reine et de sa famille proche) ne suffisent en rien à être simplement sinon heureux du moins pas complètement désemparé. Actuellement sur Netflix
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