Depuis « Dr.No » en 1962, petite série tournée pour 1 petit million de dollars en studio à Londres et en extérieur en Jamaïque dans la propriété de Ian Flemming, l’auteur des bouquins, l’agent double zéro sept écume les bars, séduit les espionnes doubles et renverse les plans machiavéliques destinés à gouverner le monde. Sean Connery, un écossais bien bâti, a hérité du rôle et, avec une nonchalance qui sous-entends un recul nécessaire, enquille les films à une cadence élevée. « Bons baisers de Russie » s’offre un budget un peu plus costaud ; le succès est mondial. Dés « Goldfinger », l’année d’après, nous entrons dans l’ère du rendement maximal. Hélas l’acteur principal n’y trouve pas son compte. Non pas qu’enquiller les boissons alcoolisées, séduire des pépées callipyges et occire du méchant l’ennuie mais l’ambition est ailleurs. Il faudra attendre pourtant le début des années 70 pour que le plus célèbre propriétaire de moumoute du cinéma de divertissement mondial se retire (provisoirement) des rangs de sa très gracieuse majesté au détriment du grand blond Roger Moore. Les années 70 ont permis toutes les excentricités. 007 s’est même envoyé en l’air dans « Moonraker » entre deux combats au laser en apesanteur dans cette (fausse) comédie parodique absolument jouissive. Avec Moore, l’agent du MI6 est nettement plus léger, plus dans le clin d’œil et la déconne mais a gravé dans la mémoire de nombre de quinquagénaires des souvenirs de sorties cinéma (au cinéma le Plaza) indélébiles. Le dandy a enquillé lui sept films entre 1973 et 1985. Pas tous excellents mais qu’importe.
Automne 2021, il est de retour pour son ultime baroud d’honneur avec « No Time To Die » excellemment mis en scène par Cary Fukunaga, auteur de « True Detective ». Un tournage sur six mois du printemps à l’automne 2019, une première bande-annonce proposée sur les réseaux à Noël 2019 annonçant une sortie mondiale en avril 2020 puis un grand nombre de reports sont confirmés. Le film n’a jamais aussi bien porté son titre. Les plateformes se sont alors battues pour proposer des sommes astronomiques afin de se payer le dernier Bond et le proposer en exclu mondiale à leurs abonnés. La prod a tenu bon. « No Time To Die » est définitivement à découvrir sur grand écran. Le spectacle est total, le scénario, en chausse-trappe, promets pas mal de surprises, Remi Malek est absolument sidérant en grand méchant complètement obsédé par la finalité de ses ambitions dévastatrices. La photographie est sublime, la réalisation des scènes d’actions lisibles et Daniel Craig arrive à nouveau (certaines scènes dans « Casino Royal » et « Quantum Of Solace » nous avait orienté sur cette voie) à nous émouvoir en ayant réussi, en 15 ans, à créer un James Bond iconique certes mais terriblement humain. Déterminé à protéger ceux qu’il aime.Coûte que coûte.
A noter que le film, depuis sa sortie, remporte un succès absolument dingue, 40’000 Suisse se sont pressés dans les salles le 1er jour de sortie. Effectivement un dimanche en fin de journée, dans une salle confortable, en version originale, il était impensable d’espérer trouver un seul siège de disponible. Enfin, nous avons le bonheur de partager des émotions ensemble et dieu sait que ce 25eépisode n’en est pas avare.