D’aucun aurait judicieusement profité de ce triomphe cinq étoiles pour continuer à performer sur les scènes du monde entier après la tournée sold-out débutée en novembre 1984 et achevée uniquement sur le territoire des États-Unis en avril 1985, Roger L. Nelson alias Prince, pas encore 27 printemps, a décidé de couper tous les ponts via une nouvelle galette vinyle. A peine dix mois après le triomphe inter galactique du prodigieusement astucieux LP « Purple Rain » démontrant en 44 petites minutes et 9 titres l’immensité de son savoir-faire, la Warner Bros est contrainte et forcée de faire la promo d’un nouvel opus. On imagine très bien la tronche des exécutives de la major lorsqu’ils ont reçus une copie du futur album. Ils attendaient un nouveau “Let’s Go Crazy” … ils ont eu”Tamborine”. Ambiance !
Le hic c’est la farouche volonté de l’Artiste de ne surtout pas réitérer les mêmes ficelles.
« Around The World In A Day », nouvel et 7eopus de la star ne vas s’engager sur un sillon similaire. Ici point de tubes évidents, de ballades vendables aux radios, de singles immédiatement perceptibles. Encore que le 1er45 tours extrait, « Raspberry Beret », perle pop fraiche comme une ondée matinale, a les atouts adéquats pour envahir tous les cerveaux normalement constitués. Hélas c’est à peu de chose près le seul single franchement facile à caser en radio entre deux spots de pubs, ici Prince explore un univers ouvertement folk, revisite les standards du rock, intègre des cordes. Pire, l’Artiste parle directement à … Dieu dans un « Temptation » christique absolument sidérant d’intelligence, une mécanique imperceptible qui plonge l’auditeur dans un état de stupéfaction. Car ici la star refuse l’évidence, contourne la facilité, pénètre un monde au-delà du sens commun. S’ensuit une multitude de chefs d’œuvres ahurissants tels « The Ladder », « Condition Of The Heart ». Le magnifiquement efficace « Pop Life » bifurque dans une analyse sèche d’un comportement déviant alors que « Paisley Park » tente de créer des passerelles salvatrices entre les humains. Au-delà d’un exceptionnel classique, l’album ” Around The World In A Day “ est non-seulement un pied de nez au succès gigantesque du précédent album mais également une évidente volonté de ne surtout rien céder à un esprit créatif en évolution permanente.
36 ans après la commercialisation de ce chef d’œuvre intemporel, ce 33 tours reste et demeure le (second) meilleur album du génie hélas disparu un cruel matin du 21 avril 2016.
Photo ci-contre : 4ème et ultime single, le brûlot “America”