Louis XIII apparaît lors de l’exposition universelle de Paris, il voyage sur le Normandie, traverse l’Europe à bord de l’Orient-Express, survole l’Atlantique en Concorde. Les plus grands se l’arrachent, à l’image du général de Gaulle qui passe commande pour fêter la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Aujourd’hui comme hier, il reste le même. Demain, on retrouvera Louis XIII à l’identique.
Entretien privilégié avec Baptiste Loiseau, septième maître de chai de la dynastie. Garant de la tradition, dépositaire des précieux secrets de fabrication, il veille fidèlement sur la pérennité d’un cognac de légende avant de léguer un jour, comme ses prédécesseurs, l’héritage de ses inestimables connaissances à celle ou celui qu’il aura choisi pour lui succéder. Une histoire qui se répète invariablement depuis 1874.
Comment présenteriez-vous Louis XIII à un profane ?
Je lui parlerais de sa provenance, de la région de Cognac. Louis XIII, c’est la quintessence de Cognac, dont les raisins sont issus de la Grande Champagne. Via cette sélection, une chaîne humaine composée de viticulteurs, de distillateurs, de tonneliers et finalement de générations de maîtres de chai, assure la constance d’une qualité élaborée depuis 1874. Louis XIII, est le résultat d’un travail qui a le goût de la passion du terroir de Cognac.
Vous relancez la production des tierçons, les derniers ont été fabriqués en 1917. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
La transmission dont j’ai bénéficié depuis 2007 avec Pierrette Trichet, maître de chai avant moi, s’est déroulée autour de la sélection des eaux-de-vie et de la futaille, c’est-à-dire la connaissance des fûts de chêne. Nous disposons de trésors cachés : les tierçons, ces barriques de chêne français les plus anciennes de nos chais. Ils ont une forme oblongue spécifique, différente des fûts actuels. Afin de les réparer, quatre tonneliers exercent leur art en interne. Pour préserver la qualité des tierçons qui exigent un bois patiné, les tonneliers doivent en sacrifier un pour en sauver un autre. Ainsi, leur quantité diminue, nous avons donc décidé de relancer la production des tierçons issus des chênes de la forêt du Limousin pour assurer la continuité pour les générations à venir. Notre rôle aujourd’hui est de préserver le savoir-faire et l’excellence. Pour ce faire, nous avons fait appel à un historien afin de nous assurer de produire des tierçons en tout point identiques aux anciens. C’est le prix de l’excellence, rien n’est laissé au hasard.
Aujourd’hui, vous plantez des chênes, combien de siècles vont s’écouler avant de pouvoir déguster le cognac qu’ils auront abrité?
Pour aller au bout de la démarche, nous avons rencontré des mérandiers de la forêt du Limousin et bénéficié de l’expertise de l’Office National des Forêts, un organisme qui assure la gestion durable de la forêt française. La matière que nous utilisons pour fabriquer nos tierçons est issue de chênes centenaires, mais comment vont-ils évoluer au gré du dérèglement climatique ? C’est avec cette question en tête que nous avons planté des chênes pédonculés sur une parcelle du domaine du Grollet, en Grande Champagne, sur la commune de Saint-Même-les-Carrières où se trouve la demeure familiale, berceau de Louis XIII. Nous utilisons la matière disponible d’une forêt gérée durablement depuis plus d’un siècle, alors aujourd’hui Louis XIII apporte sa pierre à l’édifice en plantant des spécimens qui serviront à fabriquer des tonneaux dans plus d’un siècle. Parler en siècles, nous rend petits et humbles dans nos missions. Notre travail d’aujourd’hui est un engagement pour les siècles à venir. Il faut compter 150 ans avant que l’arbre ne soit utilisable, plus le séchage et la fabrication, mais avant qu’ils ne soient suffisamment patinés pour accueillir l’assemblage Louis XIII, les fûts doivent d’abord renfermer des eaux-de-vie pendant des décennies. Nous préparons l’avenir sur plusieurs générations.
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