À 93 ans, il est le spécialiste de la faune sauvage le plus fiable, expérimenté et respecté de la planète. Pendant presque 70 ans, il a distillé ses aventures et ses connaissances sur les ondes de la BBC. “Je peux dire sans risque de me tromper que chaque jour a été un plaisir”, admet-il. “Ma crainte la plus profonde, c’est que les gens commencent à s’éloigner de mes messages … que leur confiance s’épuise, mais ce n’est pas encore le cas. Je suis heureux de constater que nous continuons à nous serrer les coudes et aussi longtemps que nous le ferons, nous pourrons soigner les maux que nous avons faits naître.” Sir David Attenborough n’est pas seulement un producteur et présentateur star de la BBC, ses travaux discrets sur la nature végétale et animale lui ont valu de nombreuses récompenses et médailles officielles. Membre de la Royal Society depuis 1983, il sera anobli par Élisabeth II deux ans plus tard.
On vous voit comme le parrain de la sauvegarde de la nature.
Nous sommes nombreux à être des transmetteurs de savoir, passionnés et engagés à protéger ce qui nous entoure. Au fond, je suis terrifiée à l’idée qu’à l’avenir, une génération s’en souciera moins, voire pas du tout, comme ce fut le cas par le passé. Heureusement, les médias sociaux permettent de véhiculer aisément les messages et il en sera désormais ainsi. Ce n’était pas le cas à mes débuts, nous devions tout apprendre (rires). J’ai étudié les recherches des plus grands esprits, puis les ai appliquées à ma propre compréhension afin d’aider à la préservation de notre merveilleux environnement. N’oubliez pas que je ne suis pas un scientifique, juste un journaliste.
Votre animal préféré ?
Eh bien, c’est l’être humain. Nous nous sous-estimons si souvent, pourtant nous sommes les créatures les plus étonnantes. Une espèce fragile et dominatrice à la fois, douée de conscience, mais destructive en même temps.Au-delà de cela, les éléphants sont d’un autre âge, ce sont de vieilles âmes d’une grande sagesse. J’aime tous les animaux, jusqu’à la plus petite grenouille dorée du Panama, un vrai bijou vivant, un animal intelligent et charismatique qui signale son intérêt pour une femelle par de délicats mouvements de patte. Comme s’il lui adressait un bienveillant « coucou, je suis là ». C’est remarquable, non ?
Avez-vous fait face à des situations dangereuses lors de vos voyages ?
Un rhinocéros m’a chargé, j’ai hérité de quelques morsures ici et là, rien de bien méchant. Les problèmes surgissent si l’on n’est pas attentifs et respectueux d’un écosystème qui n’est pas le nôtre. En s’introduisant dans un habitat, on effraie forcément les animaux, ils deviennent alors agressifs. Il faut faire preuve de déférence envers eux et savoir soulager leur peur en adoptant des attitudes humbles et soumises. C’est ce que j’ai fait avec la créature la plus dangereuse que j’ai rencontrée : un soldat complètement soûl et belliqueux, fusil chargé, je ne comprenais pas sa langue, ni lui la mienne. Ce fut une expérience assez troublante.
Vous avez fait découvrir la faune à des millions de spectateurs. Que reste-t-il à explorer aujourd’hui ?
On peut faire des découvertes au coin de la rue, mais les plus belles se limiteront à la Terre. On ne trouvera jamais dans l’espace une créature aussi belle qu’un papillon. Pensez à la Lune, c’est juste de la poussière et vous ne pouvez même pas sortir de votre misérable costume parce qu’il n’y a pas d’atmosphère. La pression n’est pas adaptée à votre organisme et vous vivez comme un animal en cage, enfermé dans un scaphandre. C’est affreux.